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Publié par LDH49

L’accueil des mineurs non accompagnés n’est pas simple dans les départements. Mais la politique de M Gilet (CD du Maine et Loire) sur le sujet est essentiellement comptable alors que M Grosvalet (CD de Loire Atlantique) dans un entretien à Ouest-France a une approche plus globale.

Entretien OUEST France recueilli par T. H. et Jean-François Martin - Publié le 21/10/2017

M Grosvalet, Président de Loire-Atlantique

C'est la crise. Qu'est-ce qui coince avec les mineurs étrangers isolés ?

C'est le plus gros sujet politique dans ma fonction, bien plus sensible que l'aéroport ! Il est question d'humanitaire, de migrations. Une réalité qui nous percute.

Une question fait l'objet de tous les conflits : c'est la reconnaissance ou non de la minorité qui nous incombe. Nous sommes obligés d'accueillir les mineurs et de rejeter les majeurs ! Je revendique que ce soit l'État qui me dise s'ils sont majeurs ou mineurs.

Il arrive qu'un jeune soit reconnu mineur en Loire-Atlantique puis majeur après une seconde évaluation dans un autre département. On ne peut pas continuer ainsi !

Vos capacités financières, d'accueil et d'accompagnement peuvent-elles suivre ?

Pour dire vrai, on court après le train. Tous les dispositifs saturent, les hôtels sont pleins. Je tire mon chapeau aux travailleurs sociaux.

Mais cet afflux, qui a vraiment débuté il y a trois ans, va continuer. En année pleine, aujourd'hui, un jeune coûte autour de 50 000 €. Pourquoi ?

Parce qu'on n'a pas conçu que ce soit durable.

Il va falloir trouver d'autres solutions que l'hôtel. Il faut imaginer un dispositif plus humain. On peut construire des centres, imaginer des accueils. Mettre en place des dispositifs moins coûteux et plus efficace en termes d'accompagnement.

Politiquement, c'est dur à assumer, l'accueil des enfants migrants ?

La gauche a failli sur l'immigration. En France, on a reculé face au Front national. On a eu peur de nos valeurs. On a une capacité d'intégration bien plus forte qu'on ne le dit.

Exemple ?

À Pontchâteau, une quinzaine de ces mineurs sont accueillis et ça se passe très bien. Répartir, c'est important.

Protéger des enfants étrangers, ça prive les enfants d'ici d'aides ?

Non. Comme construire un aéroport n'empêche pas de bâtir des collèges. C'est plus compliqué que cela, un budget. On fait des choix ailleurs. La protection de l'enfance est une obligation. On gère, mais si ça doit se poursuivre, ça devra être accompagné par l'État.

Ici, nous avons la chance d'avoir une dynamique, des ressources qui augmentent avec les droits de mutation.

Vous vous dites humaniste. Tant de douleurs, ça vous hante ?

La politique, c'est l'art du compromis. Mais là, il n'y a pas de compromis. Ils sont soit majeurs, soit mineurs. En tant que président, mon rôle est d'accueillir les mineurs. Je ne jette pas la pierre à ces jeunes qui se déclarent mineurs alors qu'ils ne le sont pas. Ils veulent sauver leur peau. Comme je peux comprendre les militants qui se fichent que le jeune ait 17 ou 19 ans. Leur but est louable.

Mais encore une fois, ma responsabilité, ce sont les mineurs. Et mon ambition ne s'arrête pas à l'accueil : nous devons les intégrer, les accompagner.

Je ne distingue pas un mineur étranger d'un français. Je m'en occupe comme de mes propres enfants. Encore plus même, car tous les gamins que l'on nous confie ont bien plus de choses à rattraper. On doit leur apporter le meilleur que la France peut donner en termes d'éducation, de santé.

Philippe Grosvalet (que nous avions interrogé avant la prise de parole du Premier ministre) s'est dit déçu, hier soir, des annonces de l'État : « Sur les mineurs non-accompagnés, le gouvernement a indiqué vouloir prendre en charge l'évaluation de la minorité sans préciser ni les modalités ni le calendrier. »

 

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