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Publié par LDH49

En Méditerranée, un navire antimigrants veut refouler les bateaux venus d’Afrique

Ce bateau, financé par des militants anti-immigration, se dirige vers la Tunisie, où il pourrait être refoulé.

Le bateau mesure 40 mètres de long et navigue en mer Méditerranée. A bord du C-Star, des militants d’extrême droite. Leur objectif avoué est de repousser les embarcations de migrants vers l’Afrique. Passé près de la Libye, samedi 5 août, le navire voguait, dimanche, vers la Tunisie. Des pêcheurs locaux ont déjà assuré qu’ils empêcheraient le navire d’accoster dans le port de Zarzis, situé dans le sud du pays.

Le groupe Génération identitaire a financé son opération, baptisée « Defend Europe », par une campagne de financement participatif (crowdfunding) lancée par des militants anti-immigration français, allemands et italiens, puis suspendue par Paypal, après des centaines de plaintes d’internautes. Malgré ça, les « identitaires » sont tout de même parvenus à réunir 76 000 euros.

Sur son site Internet, le groupe accuse les organisations non gouvernementales (ONG) de « faire passer clandestinement des centaines de milliers de migrants illégaux en Europe » et il promet de « faire quelque chose pour s’y opposer ». Un militant identitaire lyonnais présent sur le bateau, Clément Galant, a affirmé dans une vidéo diffusée en ligne que le navire ramènerait tout migrant sauvé « sur les côtes africaines ». Forcer un bateau croisant dans les eaux internationales à gagner la Libye serait illégal, selon le droit maritime international.

Le contexte :   L’étrange odyssée d’un navire antimigrants

Echanges radio avec des bateaux d’ONG

Samedi, le navire a suivi à la trace Aquarius, un bateau affrété par les ONG françaises SOS Méditerranée et Médecins sans frontières (MSF), au large des côtes libyennes. Des journalistes présents à bord de L’Aquarius ont filmé la discussion radio qui s’est alors tenue entre les deux bateaux.

 « Les identitaires ont fait des manœuvres d’approche pendant une heure. L’Aquarius a alors adopté les comportements qui s’imposent en changeant de direction, mais on ne connait pas leur véritables intentions. C’est pour ça qu’on ne veut pas en dire plus », explique au Monde la vice-présidente de SOS Méditerranée, Sophie Beau.

Le C-Star aurait ensuite approché le Golfo Azzuro, navire de l’ONG espagnole Pro-Activa Open Arms, selon des images de la télévision italienne.

Avant ce week-end, le batau était resté bloqué une semaine dans le canal de Suez, où les autorités égyptiennes l’avaient fouillé, à la recherche d’armes. Il avait ensuite fait escale à Famagouste, sur l’île de Chypre, où des membres de l’équipage avaient été interpellés puis relâchés. Il a quitté Chypre le 1er août, renonçant à passer par la Grèce et la Sicile sous la pression des autorités de ces pays.

Selon l’ONG Hope Not Hate, qui suit le navire à la trace, il a aussi été bloqué à Famagouste parce que cinq membres d’équipage, originaires du Sri Lanka, auraient affirmé qu’ils avaient dû payer pour monter à bord et étaient en réalité des demandeurs d’asile.

Accusés de faux et usage de faux ainsi que de trafic d’êtres humains, les « identitaires » de Defend Europe dénoncent une manipulation conçue par des ONG d’« extrême gauche ». Dans un communiqué, ils confirment que les vingt « apprentis marins » tamouls qui étaient à bord ont bien payé pour le voyage. Mais, selon eux, il s’agissait de « valider leurs diplômes ».

 « Equipage raciste et dangereux »

Si le navire approche du port tunisien de Zarzis, « nous allons fermer le canal qui sert au ravitaillement. C’est la moindre des choses vu ce qui se passe en Méditerranée, la mort de musulmans et d’Africains » en mer, a prévenu le président de l’Association des marins pêcheurs, Chamseddine Bourassine[1].

Vendredi, l’ONG Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) s’est dite opposée à ce que le C-Star « accoste dans les ports tunisiens » et a appelé « le gouvernement à ne pas coopérer avec son équipage raciste et dangereux ».

Construit en 1975 en Finlande, le Suunta – rebaptisé C-Star – appartient à Sven Tomas Egerstrom, un homme d’affaires suédois plusieurs fois condamné pour fraude, et navigue sous un très exotique pavillon mongol. Il croisait auparavant au large de Djibouti, où il aurait servi d’armurerie flottante, fournissant des armes aux bateaux marchands naviguant dans les eaux internationales, afin de repousser les éventuelles attaques de pirates venus des côtes somaliennes.

Les navires affrétés par les ONG ont aidé environ un tiers des quelque 100 000 personnes secourues cette année au large de la Libye et qui ont été convoyées vers l’Italie, selon les gardes-côtes du pays.

Voir également l'article du Courrier de l'Ouest :
"Le bateau de la honte"


[1] C’est d’ailleurs ce qui s’est passé : Un port tunisien se mobilise contre un bateau affrété par des militants d’extrême droite européens comme le décrit un article publié dans TSA-Algérie

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