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Publié par FIDH (Mouvement mondial des Droits Humains)

Un nouveau refoulement a eu lieu depuis la Grèce vers la Turquie, le long de la rivière Evros, le mercredi 24 mai. Cette fois-ci, cela concerne des citoyens turcs qui souhaitaient déposer une demande d’asile en Grèce. Parmi eux, Murat Çapan, ancien journaliste du magazine Nokta. Il est désormais emprisonné en Turquie, pays qu’il tentait de fuir suite à sa condamnation à 22,5 ans de prison.

La Ligue grecque des droits de l’homme a reçu des allégations concernant le refoulement de demandeurs d’asile turcs à Evros. Les refoulements non officiels depuis la Grèce vers la Turquie, de personnes potentiellement éligibles à la protection internationale, non seulement n’ont pas cessé, mais, au contraire, semblent désormais être conduits de concert avec les autorités turques. Un récent incident montre les véritables conséquences de cette pratique.

Murat Çapan, journaliste pour le magazine Nokta, a été condamné par contumace à 22,5 ans de prison, pour « participation à un groupe terroriste et tentative de renverser la constitution ». Il a traversé la rivière Evros en direction de la frontière grecque à le 24 mai 2017, à 6 heures du matin, accompagné de deux de ses amis. Lorsqu’ils ont atteint la ville grecque de Didymotique, des officiers de police les ont embarqués et emmenés au commissariat. Les citoyens turcs y ont demandé à pouvoir déposer une demande d’asile. S’y trouvait également une famille turque avec trois enfants, qui avait aussi traversé la rivière Evros. Après un certain temps, tous ont été informés qu’ils allaient être transférés au Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), avant d’être finalement installés dans une fourgonnette non marquée. Ils ont ensuite rejoint un autre véhicule avant d’être déposés dans un champ. Un groupe de cinq hommes, armés et masqués, vêtus d’une tenue de camouflage, les a emmenés vers la rivière sans prononcer le moindre mot. Les ressortissants turcs ont alors découvert l’embarcation pneumatique qui les attendait, et répété qu’ils souhaitaient demander l’asile politique en Grèce. Leurs mains ont été attachées puis, accompagnés de deux hommes armés, ils ont été placés sur le bateau qui a traversé la rivière vers l’autre rive, jusqu’à un avant-poste de l’armée turque, où ils ont été abandonnés avant d’être interpellés par des officiers de police turcs. Murat Çapan se trouve désormais en prison, avec toutes les conséquences que cela comporte. La famille turque refoulée est également privée de liberté.

Le refoulement et la remise aux autorités turques de personnes en grave danger de violations de leurs droits humains fondamentaux, si une telle chose a effectivement eu lieu, est une violation flagrante du droit international. Et il semble clair que les événements décrits ci-dessous n’ont pas eu lieu à la simple initiative de la police locale. Nous demandons une enquête immédiate sur cet incident et des réponses concrètes de la part des ministères concernés au sujet de la politique en œuvre aux frontières. La Ligue grecque des droits de l’homme a déjà envoyé un communiqué officiel au HCR demandant une enquête sur cet incident.

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